Une startup qui a du goût et du sens : l'aventure Pourdebon, par son co-fondateur Cyril Schwartz (IIM 2005)

À l’heure où les circuits courts, la transparence alimentaire et le retour au « bien manger » sont devenus des enjeux majeurs, Cyril Schwartz (IIM 2005) incarne un parcours singulier à la croisée du digital et du terroir.

Dans cette interview, il revient sur les grandes étapes de son parcours, les défis relevés, les choix audacieux… et partage ses conseils aux futurs entrepreneurs de la communauté Alumni.

🎓 Le diplôme en Développement Web

"L’IIM m’a permis de développer une vraie culture digitale pluridisciplinaire, à une époque où ce n’était pas encore aussi structuré qu’aujourd’hui. 

J’y ai touché à des domaines très variés : du marketing, du développement web, de l’UX, de la gestion de projet, et même un peu de compta (ce qui, contre toute attente, m’a aussi servi par la suite 😉).

Ce côté “couteau suisse” a été un atout majeur dans toutes mes expériences. Il m’a permis de mieux comprendre les enjeux des différents métiers, de parler aussi bien à une équipe tech qu’à des profils marketing ou produit. Et quand on monte sa boîte, cette polyvalence devient clairement un levier : on n’a pas le luxe d’avoir une armée d’experts à chaque poste, donc mieux vaut savoir parfois mettre les mains dans le cambouis."

📈 Le parcours

"J’ai commencé ma carrière chez Ogilvy, en agence de communication digitale. C’était une expérience très formatrice : on travaille vite, sur des clients et problématiques très variés, ce qui m’a donné une bonne base à la fois créative et opérationnelle.

Après ça, j’ai rejoint une startup qui démarrait tout juste : SplitGames. On était trois, les deux cofondateurs et moi. Très vite, on a levé des fonds et développé plusieurs sites dans l’univers du gaming, dont une marketplace. 

C’est justement cette brique technique qui a attiré l’attention de Fnac.com, que j’ai intégrée en 2008 pour participer au lancement et au développement de leur propre marketplace. J'y ai passé cinq ans très riches, à la fois sur la partie B2B (fonctionnalités pour les vendeurs tiers) et B2C (développement de l’offre pour les clients). Ce fut une période de forte structuration, où j’ai beaucoup appris sur la gestion à grande échelle et les enjeux de croissance."

💡 Le déclic 

"Après ces années intenses, j’ai pris une année sabbatique pour faire un tour du monde. J’avais envie de découvrir d’autres cultures, de nouvelles rencontres. 

Ce voyage m’a conforté dans l’idée que je voulais entreprendre, mais pas juste pour faire « un nouveau projet tech ». Je voulais créer quelque chose qui ait du sens. J’ai réuni deux choses qui me tiennent à cœur : les marketplaces (que je connaissais bien) et le bien manger en participant à la naissance de Pourdebon.com. 

Mon envie, c’était de remettre les producteurs au centre, de leur donner une voix, et de permettre aux consommateurs d’avoir accès à des produits vraiment bons et authentiques."

🚀 La naissance de Pourdebon

"Pourdebon est né d’un croisement entre une opportunité industrielle et une conviction personnelle forte. 

À l’époque, Chronopost préparait le lancement de ChronoFresh, leur service de transport en température dirigée, et réfléchissait à créer une place de marché autour de cette offre. Ils avaient l’infrastructure logistique, mais pas d’expertise e-commerce, ni de vision claire sur le modèle économique (type de vendeurs, cibles, positionnement…).

C’est par mon réseau que j’ai rencontré le président de ChronoFresh. Très vite, j’ai vu le potentiel. Pour moi, il ne fallait pas en faire une énième plateforme alimentaire généraliste, mais une vraie marketplace dédiée aux petits producteurs français, avec un modèle B2C. J’avais envie de défendre notre terroir, de soutenir ceux qui produisent bien, souvent dans des conditions difficiles, et de permettre à tous les Français, même ceux vivant loin des grands centres, d’y avoir accès facilement.

Avec Nicolas Machard, mon associé, nous avons porté cette vision, structuré l’offre, bâti l’équipe et lancé le projet. Chronopost a cru en cette vision et nous a soutenus financièrement, mais nous avons mené Pourdebon comme une startup, avec une vraie logique d’entrepreneuriat et d’indépendance."

✨  La différence

"Le marché de la livraison alimentaire est très encombré, mais aussi très homogène. Beaucoup de plateformes proposent la même chose : des produits standardisés, souvent issus des mêmes entrepôts, avec peu ou pas de transparence sur la provenance. Chez Pourdebon, on a pris le contrepied total de ce modèle.

Dès le départ, on a fait un choix clair : pas de stock, pas d’entrepôt, pas d’intermédiaire. Les produits sont expédiés directement par les producteurs, depuis leur atelier ou leur ferme. Ce modèle est beaucoup plus exigeant, mais il garantit la fraîcheur, la traçabilité, et surtout une juste rémunération des producteurs. 

On a aussi décidé de ne référencer que des artisans et des producteurs français, avec une sélection très qualitative. Pas question d’avoir une offre pléthorique ou opportuniste : on veut de l’authentique, du bon, du vrai."

🎯 Les enjeux

"Notre principal enjeu du moment, c’est le développement du B2B. 

Forts du succès de Pourdebon.com auprès des particuliers, on a décidé de s’adresser désormais aux professionnels : restaurateurs, épiciers, hôteliers, mais aussi CSE. C’est une évolution naturelle : beaucoup de pros nous sollicitent déjà en direct, séduits par notre sélection de producteurs et la qualité des produits. Aujourd’hui, on structure cette offre pour leur offrir une expérience adaptée, avec des volumes, des facilités de paiement et des services spécifiques.

Ce lancement B2B s’accompagne aussi de chantiers importants en interne : adaptation de la logistique, refonte de certains parcours, développement de fonctionnalités sur mesure… C’est un vrai relai de croissance, mais qui nécessite d’être construit sans renier nos fondamentaux : circuit court, transparence, qualité."

💜 La flamme métier 

"Ce que j'aime particulièrement dans ce métier ? C’est qu’il combine technologie et impact concret. 

Chez Pourdebon, on utilise la tech pour résoudre des problèmes très réels : comment livrer des produits ultra-frais en 24h depuis des fermes réparties partout en France, comment connecter efficacement des producteurs souvent peu digitalisés à des consommateurs exigeants...

C’est un métier de terrain autant que d’algorithmes. On conçoit des solutions tech, mais au service d’un modèle qui repose sur l’humain, l’artisanat, la confiance. Et c’est là que ça devient passionnant : on ne fait pas de la tech pour faire joli, on fait de la tech utile, qui crée de la valeur pour les deux bouts de la chaîne."

💥 La grosse difficulté

"Le moment le plus intense, et clairement le plus difficile, a été le premier confinement lié au Covid. 

En quelques jours, notre volume de commandes a été multiplié par 20. C’était complètement fou, et il a fallu tout repenser dans l’urgence. Nos serveurs ont lâché, l’infrastructure tech n’était pas prête à encaisser un tel pic. On a dû revoir notre architecture, renforcer l’équipe, développer des fonctionnalités en temps réel… comme permettre à un producteur de limiter le nombre de commandes par jour. Franchement, qui aurait cru qu’on aurait un jour besoin d’une telle option ? 

Côté service client, même combat : tout a été réorganisé en quelques jours, on a recruté, formé, mis en place de nouveaux process, parfois du jour au lendemain. On n’a pas compté nos heures, et parfois c’était dur. Mais c’est aussi ce moment-là qui nous a soudés en interne, qui a confirmé la solidité du modèle, et qui nous a fait passer un cap. Avec le recul, ça reste une épreuve… mais aussi un tournant. On a tenu bon, on s’est adaptés vite, et on a prouvé que notre modèle pouvait scaler, même en situation extrême."

✅ La bonne décision 

"Une des décisions dont je suis le plus fier, c’est d’avoir très tôt déterminé une vision claire : Pourdebon ne référencerait que des producteurs et artisans français, et s'adresserait en premier lieu au grand public.

À l'époque, ce n'était pas forcément évident. Beaucoup poussaient pour qu’on élargisse à des grossistes ou à de l’industriel, pour “faire du volume” ou encore de cibler le B2B en priorité. Mais j’ai tenu bon : je voulais une plateforme lisible, engagée, et alignée avec mes convictions. On allait défendre le terroir français, avec une offre 100 % traçable, transparente, et accessible à tous les particuliers.

C’était un pari risqué, parce que plus exigeant commercialement, mais c’est ce qui a créé notre identité et notre communauté. Aujourd’hui encore, nos clients savent exactement pourquoi ils viennent chez nous. On ne vend pas juste de la nourriture, on vend du lien, du circuit court et du sens."

🤝 Le conseil du pro

"On dit souvent que dans la réussite d’un projet entrepreneurial, l’idée compte pour 1 %, et l’exécution pour 99 %. Je partage complètement cette vision. Et pour bien exécuter, il faut savoir s’organiser, prioriser, et garder la tête froide même quand tout s’accélère.

Une méthode qui m’a vraiment aidé, et que je recommande sans hésiter, c’est GTD (Getting Things Done) de David Allen. Elle est ultra simple à mettre en place mais redoutablement efficace, surtout quand on doit jongler entre 100 mails par jour, des sujets très différents, et des deadlines qui tombent toutes en même temps.

Grâce à elle, j’ai pu mieux structurer mes journées, ne rien oublier, libérer de la bande passante mentale… et donc, être plus serein. J’ai même réussi à embarquer une bonne partie de l’équipe dans l’adoption de cette méthode 🙂"

💌 La pensée Alumni

"La communauté Alumni a un vrai rôle à jouer, notamment en termes de recrutement et de partage d’expériences. 

J’ai d’ailleurs eu l’occasion de recruter un ancien étudiant de l’IIM en tant que Product Owner. Il est resté trois ans chez Pourdebon.com, a fait un super boulot, et a énormément contribué à structurer notre roadmap produit. J’aurais aimé qu’il reste plus longtemps, mais il est parti au Canada pour vivre d’autres aventures. Je n’ai pas pu lutter contre la poutine…"

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