Objets connectés en agriculture : Fabrizio Delage (EMLV 2012) partage +10 ans d'expérience en tech agroalimentaire

Interviewé par CIO AT WORK, le média des directeurs des systèmes d'information, Fabrizio Delage (EMLV 2012) revient sur dix années d’évolution de l’Internet des Objets (IoT) dans le secteur agricole. Son parcours, mêlant mise en relation entre startups et investisseurs et immersion dans les réalités du terrain, fait de lui un acteur clé de la transition technologique dans ce domaine.

De l’investissement à l’impact : une approche humaine de l’IoT

Fabrizio a construit son expertise à la croisée de deux mondes : la technologie et l’accompagnement stratégique des jeunes pousses. Ayant mené des missions de cartographie de startups IoT pour le compte de fonds d’investissement, il a su détecter les solutions les plus matures et utiles pour les agriculteurs.

Ce positionnement entre veille technologique et connaissance fine du terrain lui a permis d’identifier une constante : l’adoption de l’IoT en agriculture dépend moins de la technologie elle-même que de sa pertinence sociologique. Comprendre les réalités humaines du monde agricole s’avère ainsi décisif pour réussir le déploiement de ces innovations.

Un exemple concret : la percée de Sencrop en Italie

Parmi les expériences marquantes, Fabrizio cite l’accompagnement de Sencrop, startup spécialisée dans les stations météo connectées. Grâce à son réseau dans les filières agricoles italiennes, il a pu faciliter l’intégration des solutions Sencrop, post-Covid, dans un marché pourtant très segmenté.

Les stations météo connectées restent, selon lui, l’un des objets les plus utiles car elles permettent une prise de décision rapide et localisée, essentielle en agriculture de précision. Aujourd’hui, le maillage Sencrop s’étend à plus de 20 000 stations à travers le monde.

LinkedIn Fabrizio Delage Paganini

Une vision lucide de l’investissement et de l’adoption

Avec une décennie de recul, Fabrizio observe une évolution notable du marché : si les débuts ont été marqués par un enthousiasme parfois déconnecté de la réalité du terrain, les critères d’investissement se sont aujourd’hui durcis. Le chiffre d’affaires, la rapidité d’adoption (6 à 8 mois maximum) et les premiers cas d’usage concrets sont devenus des prérequis essentiels.

Il déplore que certaines innovations, pourtant prometteuses, soient écartées faute d’un retour sur investissement immédiat, mais souligne aussi que cela a permis un assainissement du secteur et une meilleure allocation des fonds.

L’IoT de demain : intelligence artificielle et agroécologie

L’avenir de l’IoT agricole ? Pour Fabrizio, il s’articule clairement autour de l’intelligence artificielle et de la qualité des données collectées sur le terrain. Il parie sur l’essor des capteurs de mesure de la santé des sols, capables d’attribuer un scoring environnemental et de valoriser les pratiques agroécologiques via des incitations économiques.

Avec l’entrée en vigueur prochaine de la PAC 2025 et des mesures environnementales renforcées, ce type d’outil sera central pour accélérer la transition vers des pratiques agricoles durables.

Un appel à la réalité du terrain

Dernier conseil aux entreprises et dirigeants : ne jamais perdre de vue l’expérience du terrain. L’IoT n’est pas un produit miracle, il doit répondre à un besoin réel. Pour Fabrizio, cela signifie écouter d’abord les agriculteurs, les véritables experts du vivant, et s’appuyer sur des spécialistes capables de faire le lien entre technologie, besoin concret, et modèles économiques viables.

🔗 Pour aller plus loin :
Interview complète à retrouver sur cio-at-work.com

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