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Mixité en école d’ingénieurs : des parcours inspirants pour faire bouger les lignes

Alumni ESILV

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22/12/2025

Mardi 16 décembre, la question de la mixité et de la place des femmes dans les formations et métiers d’ingénierie était au cœur d’un talk dédié, réunissant responsables engagées du Pôle Léonard de Vinci, Alumni et étudiantes. À travers des parcours singuliers et sincères, les intervenantes ont mis en lumière les freins persistants, mais aussi les leviers concrets pour favoriser l’égalité des chances.


Comprendre les mécanismes d’exclusion dès la formation

Cécile Frankart, Directrice adjointe de l'ESILV, a ouvert la discussion par un témoignage ancré dans son parcours académique et de recherche. En biologie, les filles sont majoritaires, mais le rééquilibrage des genres disparaît au niveau du doctorat, révélant un déficit structurel de représentation féminine dans la recherche.

Elle a souligné l’existence de formes d’autocensure, notamment chez les jeunes filles, souvent associées au syndrome de l’imposteur. Alors que, pour elle, un système ne peut être solide et durable que s’il est pensé par toutes les couches de la société.

Engagée depuis plusieurs années au sein de l’association Elles Bougent, qui œuvre depuis 20 ans pour la mixité dans les filières scientifiques et techniques, elle a insisté sur l’importance d’un travail de fond, multiaxes, dès l’éducation. Un constat reste encore mystérieux : dans certaines sociétés, les filières techniques comptent davantage de femmes, ce qui interroge directement les traditions culturelles et éducatives.


Agir concrètement pour l’égalité des chances

Cécile Gaston, Responsable du Développement des Partenariats et du Fundraising au Pôle Léonard de Vinci, engagée depuis 2019 sur les questions d’égalité, de diversité et d’inclusion, a présenté les actions mises en place. Parmi elles, la Cordée de la réussite Mona Lisa, des ateliers sur les stéréotypes de genre, et l’organisation d’une journée de l’égalité –  le 18 mars prochain – pensée comme une immersion pour « vivre des expériences et se mettre à la place de l’autre ».

Elle a rappelé le rôle essentiel des partenaires, notamment Elles Bougent, et l’importance de créer des relais féminins forts dans l’école, où les filles représentent aujourd’hui 24 % des effectifs (ESILV), toutes formations confondues.


Oser, persévérer, tracer sa propre voie

L’intervention de Imane Rached, diplômé en 2020 de la majeure Mécanique, Numérique et Modélisation, option Aéronautique, a particulièrement marqué l’audience. Son rêve initial : devenir pilote. Malgré des portes seulement entrouvertes, des échecs – notamment au concours de l’ENAC – et de nombreux obstacles, elle n’a jamais renoncé.

Seule fille en classe préparatoire pendant trois ans, puis étudiante à l’ESILV en travaillant en parallèle, elle a dû aller chercher son alternance en province, loin de tout, quand d’autres refusaient. Face aux doutes exprimés sur son profil – trop jeune – elle a choisi de ne pas laisser le doute s’installer.

Après un passage dans le secteur Oil & Gas pendant la crise Covid, elle rejoint Dassault à Bordeaux, puis Air France, où elle est aujourd’hui Manager des Contrats Equipement. Son message est clair : il n’existe pas de modèle unique de réussite, et personne n’a à prouver qu’elle mérite sa place.


Encourager change des trajectoires

Enfin, Chloé, alternante en 3e année, a partagé un témoignage fort sur l’impact du regard des autres. Issue d’un BUT Génie Electrique et Génie Industriel, elle était l’une des 4 filles pour 200 garçons dans sa classe. 

Longtemps, personne ne lui avait vraiment demandé ce qui l’intéressait. D’abord dubitatifs, ses professeurs ont fini par l’encourager et l’inscrire à des compétitions. Résultat : championne de France dès la 1re année, puis médaille d’or aux WorldSkills en 2e année – la plus grande compétition mondiale, professionnelle et universitaire confondue. En 30 ans, aucune autre fille n’avait remporté ce titre dans sa catégorie.

Son arrivée à l’ESILV en septembre marque un tournant : c’est la première fois qu’on l’encourage explicitement à continuer dans l’ingénierie.


Un message commun : rendre le champ des possibles visible

Au-delà de la diversité des parcours, un fil rouge s’est imposé : la mixité ne se décrète pas, elle se construit. Par l’éducation, la représentation, l’encouragement et des actions concrètes.

Ce rendez-vous a rappelé combien le regard porté sur les jeunes filles peut transformer des trajectoires, et combien il est essentiel de continuer à ouvrir le champ des possibles pour que les écoles d’ingénieurs reflètent pleinement la société qu’elles contribuent à construire.


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