Cyberdéfense et souveraineté : ce que Thales attend des futurs ingénieurs

Le Pôle Léonard de Vinci a accueilli Jeudi 20 novembre une conférence exceptionnelle animée par Stéphane Lenco, VP Cyber et RSSI Groupe de Thales. Un événement stratégique pour les étudiants… mais aussi pour la vingtaine d’Alumni attendus, auxquels notre expert n’a pas manqué d’adresser un message particulier : la bataille du quotidien, c’est aussi la vôtre.

La rencontre s’est ouverte par le mot de bienvenue du nouveau Directeur Général du Pôle Léonard de Vinci, Martin Coriat, soulignant à quel point le sujet du jour est pleinement ancré au cœur des formations du campus : stratégie, opérationnel, cybersécurité et souveraineté technologique.

Un parcours marqué par le goût du défi

Avec humour et simplicité, Stéphane Lenco retrace les grandes étapes d’un parcours inspirant.

J’ai toujours rêvé d’être ingénieur aéronautique !

Diplômé de l'ENAC (Ecole Nationale de l'Aviation Civile) en 1998, il devient coordinateur des European Aeronautic Defence and Space company. Il rejoint le groupe Airbus en 2004, où il pilote la stratégie et l’architecture IT, puis devient Chief Information Security Officer du groupe. En 2018, il est nommé Chief Information Security Officer du groupe Thales, où il accompagne le développement des activités cyber du groupe dans un contexte d’acquisitions stratégiques et d’élévation continue du niveau d’exigence.

Ma mission chez Thales : donner un cap

Parallèlement, il contribue aux travaux européens en tant que membre du Permanent Stakeholders Group de l’ENISA, puis du Advisory Group de l’agence.

Au fil de sa trajectoire, il a travaillé sur des projets de pointe allant de l’industrie spatiale aux programmes de haute intensité, et intervient régulièrement dans des événements majeurs comme VivaTech.

Son fil rouge ? La résilience. Un mot qui revient et qu’il incarne.

« Le monde va mal » : une réalité géopolitique et cyber

Stéphane Lenco ramène ensuite l’auditoire au cœur du sujet. Avant l’invasion de l’Ukraine, rappelle-t-il, une vague d’attaques cyber massives a visé l’État, les médias, les banques ou encore les infrastructures électriques.

Il n'y a pas de Convention de Genève en cyber : la guerre se produit au quotidien, elle n’a pas de loi, elle n’a pas de frontière

Penser résilience, c’est donc anticiper les situations extrêmes. Le message qu’il adresse aux étudiants et aux Alumni est clair : le monde de demain doit être plus sûr « et c’est sur vous que cela repose. » 

Il élargit ensuite la perspective aux grands enjeux européens : les réglementations, la souveraineté technologique, et la nécessité d’un cloud souverain. L’intelligence artificielle représente à la fois le défi et la solution, notamment dans des domaines critiques comme le pilotage autonome. Thales se situe précisément à ce carrefour : sécurité numérique, technologies souveraines, confiance digitale.

Un futur commun : projets et ambitions

S’adressant directement aux étudiants et aux Alumni présents, Stéphane Lenco insiste sur l’importance d’une compréhension profonde des fondamentaux : « Les bases, il ne faut pas les connaître, il faut les comprendre. » Pour lui, la résilience n’est ni un slogan ni un effet de mode, mais un processus organisationnel essentiel, intégré au fonctionnement normal des entreprises : « La crise est un moment normal dans la vie d’une entreprise. » Aucun produit miracle n’existe en cyber, rappelle-t-il : seule compte la connaissance du terrain. 

On ne construira pas de digital sans la confiance de la cyber

Un message qui résonne particulièrement auprès des Alumni, déjà confrontés aux réalités opérationnelles et invités à jouer un rôle déterminant dans la diffusion de la culture cyber.

En conclusion, Stéphane Lenco évoque le projet de joint-venture entre Thales, Airbus et Leonardo, destiné à regrouper les activités spatiales européennes. La lettre d’intention déjà signée illustre l’ambition stratégique d’une industrie qui cherche à renforcer sa résilience et son autonomie.

Cette conférence a offert un regard lucide et passionné sur les défis du monde numérique. Pour les étudiants, elle a constitué un éclairage précieux sur les métiers qui les attendent ; pour les Alumni, un moment privilégié pour prendre du recul, renouer avec le Pôle et réaffirmer leur rôle essentiel dans la construction d’un numérique de confiance. Un rendez-vous inspirant qui rappelle que la résilience n’est pas seulement un concept, mais une véritable responsabilité collective.